Sagesse et vérité
Qu’est-ce que la vérité ? Il est important de se poser la question. Et surtout celle de savoir – avant de donner sa prose en pâture au lecteur – quels liens ce qu’on écrit pourrait avoir avec elle.
Si la vérité émanait d’une analyse des jugements, descriptions et commentaires qu’on pourrait faire sur sa propre vie et l’environnement dans lequel elle semble se dérouler, elle serait bien discutable, puisqu’elle serait basée sur les trois activités pernicieuses de l’esprit humain : la sensation, la perception et l’élucubration.
Est-il raisonnable d’avoir l’audace et la prétention d’appeler vérité les fruits de cette analyse douteuse. Certainement pas. D’autant qu’elle sera, pour le lecteur, une vérité de seconde main.
Le Bouddha exhortait les habitants de la ville de Kalama à ne pas croire aveuglément ses paroles, mais de les tester sur la flamme de leur expérience personnelle. Cette exhortation n’est que plus pertinente pour les mots de quelqu’un qui n’a aucune des qualifications du Bouddha.
Il y a deux choses qu’on peut contempler pour atteindre la sagesse : la vérité, et ce qui n’est pas la vérité. La sagesse est justement la capacité de séparer le bon grain de l’ivraie, et de choisir dans un cas l’émulation, dans l’autre l’abandon. En attendant, il y a lieu d’explorer les deux.
Attention de ne pas se brûler. Les braises des croyances erronées sont les souffrances du monde phénoménal. Le feu de la vérité, qui consume l’ego, est l’émerveillement.
Si quelques bons grains ont trouvé le chemin de ces pages, tout le mérite en revient à la sagesse de mes maîtres. L’ivraie n’est que l’expression de mon ignorance.
26 octobre 2013, Chiang Mai