Le temps est une illusion, car il est une construction mentale. Plutôt un programme qui permet au mental de fonctionner.

Le temps est étroitement lié à la mémoire. La mémoire enregistre des informations (des percep­tions) et les classe. Il ne s’agit pas de l’enregistrement global, instantané et simultané du tout, mais de l’enregistrement successif d’événements séparés. La séparation et la succession impliquent un ordre temporel, donc le temps.

L’intemporel implique l’unité et la simultanéité, il implique aussi la permanence, donc l’immob­ilité et le silence. Car le mouvement et le son (en particulier la parole, verbale ou mentale) implique le temps, avec la séparation et la succession qu’il permet, et en même temps impose.

L’intemporel est une réalité absolue puisqu’elle est immuable. Le temps est une réalité relative puisque sa nature est le changement.

L’intemporel est inconcevable et inexprimable dans la réalité temporelle, il n’en fait pas partie. La réalité temporelle, par contre, fait partie de l’intemporel, elle en est l’expression ou la manifestation.

L’intemporel contient tout, rien ne peut exister, ni même être imaginé, qui n’en fasse pas partie. On ne peut pas le définir, parce qu’il est au-delà de toute caractéristique ou qualité, puisqu’il est au-delà des oppositions qui caractérisent les qualificatifs utilisés pour décrire le monde relatif. Il n’est pas soumis à la dualité puisqu’il contient la dualité.

Le temps et la réalité relative ne sont pas inexistants, puisqu’ils apparaissent, mais ils n’ont pas d’existence inhérente. C’est une réalité fugitive qui n’est pas plus fiable qu’un rêve ou un mirage.

S’identifier à une personne qui vit dans cette réalité illusoire est une frustration constante puis­qu’elle essaie de trouver sa sécurité et sa stabilité dans un monde changeant et imprévisible.

Cette impression d’exister en tant que personne est basée sur un conditionnement et des croyances fondés sur la mémoire d’une histoire temporelle composée de souvenirs du passé et de projections dans le futur. Cette histoire n’est qu’une construction mentale.

Pour observer et comprendre ce phénomène, il faut se situer en dehors du déroulement de cette illusion temporelle. Trouver le point fixe, qui ne change pas, qui ne s’identifie pas, mais observe, depuis l’intemporalité du moment présent, le jeu de la manifestation, sans s’y impliquer. L’émer­veillement que suscite cette prise de conscience est une joie indicible.

22 octobre 2013, Chiang Mai