Irréalité du temps
Je ne vois plus de différence entre le vécu et le non-vécu, le vécu ancien et récent, le déjà-vécu et le pas-encore-vécu. Les expériences ne m’étonnent plus, comme si je les connaissais déjà. La sensation d’avoir déjà fait ce que je fais ! D’avoir déjà vécu ma vie !
J’ai l’impression d’avoir déjà vu les films, ou même de les avoir vécus ! De même pour les rêves. Étrange ! Les comportements, aventures, attitudes, destins des gens me semblent familiers, comme si je les avais vécus, les vivais ou pourrais les vivre !
Le passé, le présent (s’il existe vraiment) et le futur se confondent ! Dans l’irréalité des pensées, des souvenirs, d’impressions sensorielles fugitives, le temps a l’air de perdre sa substance, son importance, son implacabilité. Il semble s’effriter, oublier sa chronologie, se mélanger.
Est-ce le résultat du désenchantement ?
9 avril 1990, Bangkok