GRAINES DE SAGESSE

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Force et humilité

808 Ombre et lumière
808 Ombre et lumière

« Au royaume de la vie appartient ce qui plie, ce qui est tendre ; à celui de la mort, ce qui est rigide, ce qui est fort. » (Lao Tseu, dans Lama Govinda, Le chemin des nuages blancs)

L’affirmation de l’ego : pour défendre une entité illusoire, qui se sent faible, menacée, sans confiance. Cette affirmation est la loi du samsara*, mais ceux qui paraissent fort dans le samsara sont ceux qui ont le plus lourd ego à porter ; ils éveilleront la compassion de ceux qui perçoivent la différence entre les manifestations de l’ego et celles de la vraie nature. La vraie force n’est pas d’avoir raison, d’avoir le dernier mot, d’imposer ses idées et ses désirs aux autres et d’obtenir ce qu’on veut : ça c’est la force du samsara, qui mène à la souffrance et à la mort (cf. chaîne d’inter­dépendance*). La force de la vie, c’est l’humilité du roseau, qui plie ; pense aux autres avant soi-même, donne raison aux autres et accomplit leurs désirs plutôt que les siens ; ne se place jamais avant les autres ni en position de supériorité ; ne s’oppose pas aux autres, mais se fond avec eux dans l’union de la non-dualité ; ne se vante pas de ses propres mérites et réalisations, mais fait l’éloge de ceux des autres. C’est la pratique du bodhisattva.


Samsara (pali) : littér. transmigration perpétuelle. Désigne le cycle des renaissances – le monde conditionné dans lequel nous vivons – qui, tant que nous n’en avons pas perçu la nature illusoire et le considérons comme la seule réalité, est comparé par le Bouddha à un océan de souffrance.

* Chaîne d’interdépendance (pali : paticcasumuppada) : la loi de l’interdépendance – de l’origine conditionnée et interdépendante de tous les phénomènes – est, avec l’impersonnalité, un des fondements de la doctrine bouddhique. La loi de l’interdépendance est une des lois de la nature, à savoir que toutes choses – qu’elles fassent partie de l’environnement, de la société, de l’individu ou de l’esprit – sont interconnectées et ont entre elles des relations causales. Cette loi est généralement exprimée sous la forme d’un enchaînement de douze maillons – dont chacun est la conséquence du précédent et la cause du suivant – qui conduisent de l’ignorance à l’apparition de la souffrance. Le premier, l’ignorance, et le sixième, le contact (entre les organes et les objets des sens) sont les deux niveaux où il est possible de s’échapper du cycle de la souffrance et de l’existence conditionnée.

 

22 avril 1991, Katmandou

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