Le Tao est l’essence, le principe de toute chose, au-delà de l’espace-temps, même de l’éternité ; c’est de là que tout vient, et où tout va, ou plutôt, c’est le centre immobile de toute chose, autour duquel tout tourne dans un cycle de perpétuel recommencement. Comme il est au-delà de l’espace-temps, le Tao est vide et ne bouge pas. Il est le vide au cœur des dix mille choses. Il est aussi leur essence au sens propre, le carburant inépuisable et toujours renouvelé qui fait tourner la matière, les atomes, autour de lui. Le point de référence immobile de tout ce qui bouge. 

Dans la nature, les différents éléments ou êtres (à part l’homme), ne font pas de caprices, ils n’agissent pas de leur propre volonté à l’encontre du cours ou de la volonté de la nature et du cosmos. Si une molécule d’eau doit monter pour faire une vague, alors qu’une autre doit descendre pour faire le creux de la vague, elle ne va pas dire « non, moi je descends aussi », sinon ce serait le chaos.

C’est bien pour cela que la société humaine est si chaotique, elle ne suit pas l’ordre de l’univers. Actuellement ! On verra bien qui aura le dernier mot. Il vaut mieux être dès maintenant du côté de la nature. Quelle force, quelle masse représentent tous les hommes de la terre rassemblés, par rapport à la masse de la mer, des cailloux, des montagnes, des nuages ? Quel est leur nombre, par rapport au nombre d’arbres, de poissons, d’oiseaux, de fourmis… Et s’ils se mettaient tous ensemble contre les hommes ? Et ils auront bien une partie des hommes avec eux, peut-être plus qu’on pense. Six milliards (fondus !) à cinquante kilos d’eau = trois cent millions de mètres cubes = 0,3 kilomètre cube. C’est dérisoire. C’est sûr que si on rajoute leurs voitures, leurs télévisions, leurs usines, leurs maisons, ça fait un peu plus. Mais ceux qui possèdent tout ça ne sont pas si nombreux, et tout ça, ce ne sont que des détritus ou des ruines en puissance… 

Le chaos est le début de l’entropie !

11 septembre 1984, Papenoo (Tahiti)